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Les mots qui cognent

Lire Virginie Despentes me donne chaque fois l’impression d’être un punching-ball. Chacune de ses phrases frappe tel un uppercut, et sous la force des coups répétés on lâche prise pour la suivre sans plus résister et éviter le KO.

King Kong Théorie m’avait marqué et, dans un tout autre genre, Apocalypse Bébé fait son effet.

Il m’a fallu arriver au quart du roman pour comprendre comment l’auteure avait réussi à me déstabiliser avec son personnage principal.

A la fois détective privé et agent de renseignement nageant en eaux troubles, c’est le stéréotype même des personnages de ce genre qui foisonnent dans le cinéma américain et les séries noires : lunettes de soleil, grande gueule, frime, exubérance, brutalité, vantardise, drague a tout va, certitude de faire découvrir aux femmes un nouveau monde.

Personnage rabâché donc, mais qui nous éclate ici à la tronche, où chacun de ses traits nous semble caricatural, exagéré, improbable, sonner faux.
Parce que c’est une femme.

Mais Virginie Despentes va encore plus loin. Tout au long de cette enquête déglinguée dans un monde qui part en vrille, on ne croise que quelques hommes, faibles voire lâches, qui servent ici de simples faire-valoir aux personnages féminins. Véritable contre-pied des représentations dominantes habituelles, au point de ne pas passer le test de Bechdel appliqué aux hommes.

La fin bascule contre toute attente dans un registre cyber-punk qui laisse un petit goût d’inachevé.

Pour autant ce roman touche là où ça fait mal : on en sort en ayant déplacé — sans y penser — le curseur de ce qui nous semble une représentation non sexiste de notre monde.
Un peu sonné quand même.

— 24 novembre 2013

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